Longtemps cantonné aux régions tropicales, le chikungunya fait désormais partie des maladies présentes en France métropolitaine. Transmis par des moustiques vecteurs, ce virus provoque des symptômes invalidants avec parfois des complications durables. Face à la recrudescence des cas de contamination, connaître et se prémunir contre cette maladie est devenue une priorité nationale en matière de santé publique.
Qu’est-ce que le chikungunya ?
Définition et étymologie
Le chikungunya est une maladie infectieuse d’origine virale transmise par les moustiques du genre Aedes, surtout le moustique tigre (Aedes albopictus). Il est causé par un virus à ARN appartenant au genre Alphavirus de la famille des Togaviridae. Son nom, issu d’un dialecte local tanzanien, signifie « ce qui se courbe », en référence à la posture voûtée adoptée par les personnes souffrant de douleurs articulaires.
Origine et diffusion dans le monde
Découvert en Tanzanie en 1952, le virus du chikungunya s’est progressivement répandu en Afrique, en Asie avant de s’étendre aux Amériques à partir de 2013 avec les premiers cas autochtones. Aujourd’hui, le chikungunya est présent dans plus de 110 pays répartis sur quatre continents.
Présence du chikungunya en France
En 2025, 84 % des départements de France métropolitaine sont contaminés. Entre janvier et septembre, 484 cas autochtones ont été recensés, y compris dans des régions jusque-là épargnées comme le Grand Est. L’épidémie à La Réunion de cet été semble être à l’origine de cet épisode de contamination.
Transmission et vecteurs du chikungunya
Mode de transmission
Le chikungunya se transmet à l’homme par la piqûre de moustiques infectés. Une fois contaminée, la personne porteuse du virus le conserve dans son système sanguin pendant quelques jours. Si un moustique la pique durant cette période, le virus poursuit son circuit de transmission d’une espèce à l’autre.
Rôle des moustiques vecteurs
Les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus jouent un rôle central dans la diffusion du virus. Ils piquent principalement en journée et surtout peuvent transmettre d’autres maladies virales comme la dengue, le zika et la fièvre jaune.
Conditions de prolifération
Ces moustiques vecteurs prolifèrent dans les zones chaudes, humides et urbanisées, et plus particulièrement les points d’eau stagnante. Le réchauffement climatique n’est pas étranger à leur expansion et l’architecture urbaine leur offre un cadre de prolifération propice : terrasses en caillebotis et contenants extérieurs (pots, gouttières, bâches), lieux de ponte fréquents.
Symptômes et évolution du chikungunya
Les symptômes principaux
Le chikungunya provoque une fièvre soudaine, accompagnée de fortes douleurs articulaires, souvent localisées aux poignets, chevilles, genoux, doigts ou pieds. D’autres signes peuvent apparaître comme :
- des maux de tête ;
- une fatigue intense ;
- des douleurs musculaires ;
- des éruptions cutanées ;
- des nausées ou vomissements ;
- une conjonctivite.
Durée et sévérité de la maladie
Les premiers symptômes du chikungunya apparaissent entre 3 et 7 jours après la piqûre d’un moustique infecté. La fièvre et les signes généraux disparaissent en 5 à 10 jours, mais les douleurs articulaires peuvent persister plusieurs semaines, voire des mois. La maladie est généralement bénigne et les patients se rétablissent facilement.
Les risques de complications possibles
Bien que rarement mortel, le chikungunya entraîne des complications chez les personnes âgées, les nourrissons et les individus atteints de maladies chroniques. Des formes graves, d’ordre neurologique, cardiaque ou oculaire, ont été observées. La maladie peut aussi évoluer vers une forme chronique, surtout chez les personnes présentant des comorbidités, et nécessiter une hospitalisation pour les cas les plus sévères.
Prévention et lutte contre le chikungunya
Les mesures individuelles
Pour se protéger du chikungunya, chacun peut adopter des gestes simples pour se prémunir contre les piqûres et limiter la prolifération des moustiques porteurs :
- porter des vêtements longs et couvrants, surtout en journée ;
- appliquer des répulsifs cutanés contenant du DEET, de l’IR3535 ou de l’icaridine ;
- installer des moustiquaires aux ouvertures et autour des lits ;
- utiliser des insecticides ou serpentins antimoustiques à l’intérieur.
Les actions collectives
La prévention collective repose sur des interventions coordonnées menées par les collectivités et les autorités sanitaires en cas d’identification de cas autochtones, pour suivre l’évolution du virus et adapter les mesures de prévention :
- campagne d’information et de sensibilisation ;
- surveillance entomologique des zones à risque ;
- démoustication ciblée ;
- suppression des eaux stagnantes ;
- aménagement des espaces publics.
Vaccin contre le chikungunya
La vaccination contre le chikungunya progresse, mais reste limitée à certaines populations à risque. Deux vaccins ont été autorisés, dont l’IXCHIQ, approuvé en Europe en 2024. En France, ce vaccin est recommandé aux personnes de 18 à 64 ans avec comorbidités, mais fortement déconseillé aux personnes âgées de 65 ans et plus, en raison d’effets indésirables observés.
Existe-t-il un traitement ?
Aucun traitement spécifique contre le chikungunya n’est actuellement disponible. La prise en charge vise uniquement à soulager les symptômes :
- antipyrétiques pour la fièvre ;
- antalgiques pour les douleurs articulaires ;
- hydratation régulière ;
- corticothérapie pour les formes sévères.